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29
Mai 2013

Libérer / Délivrer /Affranchir

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Le Mot Du Jour
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Libérer / Délivrer /Affranchir

Je me suis toujours demandé quelle était la différence exacte entre « libérer » et « délivrer », sans rien trouver de très probant, d’autant plus que ces deux verbes ont la même origine latine. Mais du pragmatisme et un peu de logique m’amènent à vous livrer mon idée sur le sujet. Si vous avez des commentaires à faire, des contestations à formuler, des enrichissements à apporter, ils sont les bienvenus bien sûr.

1/ Libérer : c’est le terme au sens le plus large, parmi les trois.

Libérer, c’est rendre sa liberté, tout simplement, quelque soit le degré d’asservissement et de force qu’il a fallu employer pour le briser. Ainsi, un pays se libère de l’oppression d’un autre, mais un travailleur se libère pour l’après-midi : on voit bien qu’il n’y a aucune commune mesure entre ces deux notions de liberté.

2/ Délivrer : insiste sur l’idée d’emprise et sur la démarche pour l’anéantir.

Délivrer, c’est l’inverse de livrer (remettre entre les mains de, abandonner à l’emprise de). Il me semble qu’il y a la notion d’un effort éprouvant pour délier les liens entre le prisonnier et son geôlier, quel qu’il soit (un être physique, un sentiment, une idée…) ;

Ainsi, pour reprendre l’idée de notre travailleur qui pose un congé, il peut dire « Je me suis libéré » et non « Je me suis délivré »; ou bien, s’il emploie ce terme, il insiste sur son sentiment d’être prisonnier de son travail.

3/ Affranchir : briser le joug de l’oppresseur sur son esclave.

C’est un terme très fort, qui insiste sur l’idée d’un asservissement durable, extrême, qu’on brise avec une détermination sans faille. Tout comme l’esclavage est le degré ultime de la privation de liberté, l’affranchissement est le degré ultime de la libération.

Admettons qu’Alphonse était amoureux de Giselle, qu’il s’est résolu à quitter parce qu’elle le faisait trop souffrir. S’il dit :

« Je me suis libéré de mon amour », on sait qu’il est soulagé, sans en apprendre davantage sur cet amour sinon qu’il était un poids.

« Je me suis délivré de mon amour », on entend que cette relation était subie, que l’amour d’Alphonse était une entrave qui l’attachait contre son gré à Giselle.

« Je me suis affranchi de mon amour », on se dit qu’il était temps qu’il quitte Giselle, parce qu’il était devenu l’esclave de cet amour, qu’il avait engourdi une bonne partie de lui-même, et qu’il a fallu qu’il fasse preuve de courage et de force pour briser ses chaînes.

 

 

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