Ces deux termes ne se distinguent pas par leur dimension physique ou morale car douleur et souffrance peuvent autant affecter le corps que l’esprit.

Je rappelle que dans ces Subtilités du Mercredi, il y a une part d’analyse personnelle; vos précisions, contestations, corrections, argumentations sont les bienvenues.

1/ Douleur : vient du latin « dolor » (douleur, peine, colère, tourment)

La douleur est un signal d’alarme. L’hôpital prend très sérieusement en compte l’évaluation et la gestion de la douleur, inutile une fois que le signal a été entendu et que les dommages ont été localisés. On peut gérer sa douleur par des techniques de respiration, de sophrologie, d’hypnose. La douleur est vécue comme subie et peut être surmontée.

2/ Souffrance vient de « sufferre » (endurer, supporter).

La souffrance est la prise de conscience d’une douleur, assortie d’une inquiétude, car on ne sait pas quand elle prendra fin, ni même d’ailleurs si elle prendra fin un jour. La souffrance est plus envahissante que la douleur, plus installée, donc moins supportable. Cette notion de pénibilité d’une situation qui s’ancre dans les profondeurs de l’être et dans le temps s’entend bien dans l’expression « être en souffrance ». On ne gère pas sa souffrance, car elle nous affecte tant qu’elle nous ampute d’une partie de nos moyens de lutte. C’est là qu’intervient probablement ce que le neurologue et psychanalyste Boris Cyrulnick appelle la résilience.

Il me semble qu’on lutte contre la douleur pour qu’elle disparaisse, et qu’on résiste à la souffrance pour qu’elle ne nous anéantisse pas. Il me semble aussi que si une douleur persistante est négligée, elle devient souffrance.